Jean Pélégri
Auteur de romans, de pièces de théâtre, de poésie et d’un essai, Jean Pélégri est né en 1920 à Rovigo (auj. Bougara dans le département de Blida), comme Jules Roy, au sein d’une famille de propriétaires terriens installés en Algérie depuis 1841.
A partir de 1942, après des études de philosophie à Alger, il fait les campagnes de Corse, de France et d’Allemagne comme engagé volontaire. Il enseigne les lettres en Corse, puis en Algérie à la veille de la guerre et enfin à Paris après l’indépendance.
En 1963, Jean Pélégri figurait parmi les fondateurs de l’Union des Ecrivains algériens. Jusqu’au bout, avec Ma mère l’Algérie en 1989 ou Les Etés perdus en 1999, Jean Pélégri n’a cessé de célébrer sa Mitidja natale.
Tiré de son livre homonyme publié en 1959 et tourné dans les tout derniers mois de la guerre d’Algérie, Les Oliviers de la justice de James Blue met en scène un pied noir de retour au pays, au chevet d’un père à l’agonie. Méditation sur le sort de l’Algérie coloniale, ce film dont il fut co-scénariste et comédien lui permet de ressusciter l’image de son père et son rêve algérien.
Jean Pélégri, qui fut également comédien dans Pickpocket de Robert Bresson ou encore Thérèse d’Alain Cavalier, s’est éteint le 24 septembre 2003.
« Les mots de l’amitié »
17-5-1955
Combien d’heures, combien de jours,
à contempler la mer, les vignes et le soleil ;
à écouter chanter les oiseaux dans la chaleur de l’été.
Mon œil me créait des paradis artificiels, des après-midi païennes, d’où je revenais hagard, stupéfait
et où je retournais le lendemain, malgré moi, comme à une drague…
Combien d’heures, combien de jours, j’ai pu passer à essayer d’oublier mon âme… vainement…
Jusqu’au jour où j’ai découvert que la nature était (vide)… marquée du signe de la faute…
que seul l’homme libre, réconcilié avec lui-même et les siens pouvait l’innocenter et lui redonner sa beauté de paradis terrestre.
Celui qui n’a jamais entendu de flûte… ne connaîtra jamais l’atmosphère de ma plaine.
Seule la musique pourrait raconter mon histoire.
Bibliographie
L’Embarquement du lundi, Paris, Gallimard, N.R.F., 1952.
Les Oliviers de la Justice, Paris, Gallimard, 1959.
Le Maboul, Paris, Gallimard, 1963.
L’Homme-caillou, Paris, Benanteur, 1965.
Les Monuments du déluge, Paris, Christian Bourgois, 1967.
Slimane (pièce en quatre actes), Paris, Christian Bourgois, 1968.
L’Homme mangé par la ville (dramatique), France-Culture, 1970.
Le Cheval dans la ville, Paris, Gallimard, 1972.
Le Maître du Tambour (pièce), Théâtre Jean Vilar, Suresnes 1974).
Ma mère l’Algérie, Alger, Éditions Laphonic, 1989 / Paris, Actes Sud, 1990.
Les Étés perdus, Paris, Le Seuil, 1999.S
Au sujet de CAMUS.
Jean PELEGRI évoque la vision de l'Algérie par CAMUS en expliquant que celui-ci n'a "connu que l'endroit" et non l'envers de Tisapa et de l'Algérie, "ce n'est qu'une littérature du littoral".