Domaine de Chantilly
Chantilly, le 15 août 2014
Le fief de Chantilly appartient au haut Moyen-Âge à la famille des Le Bouteiller de Senlis.
De 1386 à 1897, le domaine est passé par héritage à différentes branches d'une même famille, sans jamais être vendu.
Les Orgemont au Moyen-Âge
Le chancelier d'Orgemont fait construire au XIVe siècle un château-fort au milieu de la vallée marécageuse de la Nonette. En 1484, Pierre d'Orgemont, sans enfant, lègue Chantilly à son neveu Guillaume de Montmorency. Il ne reste aujourd'hui de l'ancienne forteresse médiévale des Orgemont que la base des sept tours, baignant dans les douves.
Les Montmorency à la Renaissance (1484-1632)
Le Connétable Anne de Montmorency (1493-1567), compagnon d'armes de François Ier à Marignan, joue un rôle politique éminent sous François Ier et Henri II, qui viennent souvent à Chantilly.
Il fait rénover le château médiéval par l'architecte Pierre Chambiges. Vers 1560, il confie à Jean Bullant, déjà architecte de son château d'Ecouen, la construction de la Capitainerie ou Petit Château, partie la plus ancienne de Chantilly. Chantilly conserve de nombreux objets d'art venus d'Ecouen, dont quarante-quatre vitraux en grisaille représentant les amours de Psyché et de Cupidon (1542-1544, galerie de Psyché), des pavements en céramique de Rouen dus à Masséot Abaquesne (hall d'honneur), l'autel, les lambris et les vitraux de la chapelle montrant le fils et les filles du Connétable Anne de Montmorency.
Anne de Montmorency fait aussi aménager la terrasse sur laquelle se dresse aujourd'hui sa statue équestre réalisée par Paul Dubois (1886) et fait construire sept chapelles, dont trois subsistent.
Son petit-fils, Henri II de Montmorency (1595-1632), construit, dans le parc, la Maison de Sylvie. En révolte contre le roi Louis XIII, il est décapité à Toulouse en 1632. Chantilly est alors confisqué par Louis XIII.
Les Condé (1643-1830)
Le Grand Condé pendant le Grand Siècle
En 1643, Chantilly est rendu aux Condé. Louis II de Bourbon-Condé (1621-1686) dit le Grand Condé, transforme le domaine en faisant dessiner le parc par André Le Nôtre, le futur jardinier de Versailles. Le Nôtre canalise la Nonette pour créer le Grand Canal (1671-1673), dessine les parterres français au nord du château, fait construire par Daniel Gittard le Grand Degré et crée la perspective actuelle allant de la Grille d'Honneur à la terrasse.
Le Grand Condé fait de Chantilly un lieu de fêtes et un cercle littéraire où voisinent La Fontaine, La Bruyère, Bossuet (l'évêque de Meaux qui écrira l'oraison funèbre du Grand Condé), Mme de La Fayette et Mme de Sévigné.
En leur honneur, les deux allées parallèles, qui encadrent les parterres de Le Nôtre, prennent le nom « d'allées des philosophes ». Molière joue Tartuffe à Chantilly. Le Grand Condé donne des bals et des feux d'artifice dans ce site enchanteur.
Le fils du Grand Condé, le prince Henri-Jules (1643-1709), fait transformer par Jules Hardouin-Mansart le grand château dont les travaux sont achevés par Jean Aubert. Louis-Henri, prince de Bourbon-Condé (1692-1740), premier ministre de Louis XV de 1723 à 1726, fait bâtir par Jean Aubert les Grandes Écuries, chef-d'oeuvre du XVIIIe siècle, décore les appartements du Petit Château, crée la manufacture de porcelaine de Chantilly et, pour décorer les appartements, fait appel aux peintres Oudry, Desportes, Huet, Nattier.
Son fils, Louis-Joseph, prince de Bourbon-Condé (1736-1818), édifie le Jeu de Paume en 1756 et le château d'Enghien, long bâtiment classique situé à droite de la Grille d'Honneur, construit par Jean-François Leroy de 1769 à 1772. En 1774, il fait dessiner le jardin anglo-chinois et, en 1775, construire le Hameau, groupe de cinq maisons rustiques qui inspira le Hameau de la reine Marie-Antoinette au Trianon. Il développe un cabinet d'histoire naturelle à l'extrémité des appartements historiques et y accueille à deux reprises le roi de Suède Gustave III. Hostile aux idées du Siècle des Lumières, il émigre dès la prise de la Bastille et, en 1792, forme l'armée d'émigration, dite « armée de Condé ».
La Révolution :
Les collections de Chantilly sont saisies comme biens d'émigrés et transportées au Louvre. Le château sert de prison. En 1799, les bâtiments sont vendus à des démolisseurs qui rasent le grand château jusqu'à la terrasse ; le parc est ravagé, coupé en deux et loti : il ne retrouvera jamais sa superficie d'origine, une partie de la ville de Chantilly se développe sur sa zone occidentale (rue des Cascades, rue des Potagers).
La Restauration :
Après 1815, le prince Louis-Joseph, revenu d'émigration, fait restaurer les appartements et obtient le retour d'une partie des collections restées au Louvre. Il fait dessiner le jardin anglais par l'architecte Victor Dubois en 1817 et combler le fossé séparant les deux châteaux.
Les Orléans au XIXe siècle
Louis-Henri-Joseph, duc de Bourbon (1756-1830), sans héritier direct depuis l'exécution de son fils, le duc d'Enghien, dans les fossés de Vincennes en 1804, lègue ses biens en 1830 à son petit-neveu et filleul, Henri d'Orléans, duc d'Aumale (1822-1897), alors âgé de 8 ans, cinquième fils du roi Louis-Philippe.
Militaire, le duc d'Aumale fait ses premières armes dès 1840 en Algérie, s'illustre en mai 1843 lors de la prise de la Smalah d'Abd el-Kader et devient gouverneur général de l'Algérie. Sous la Monarchie de Juillet (1830-1848), il fait décorer ses appartements privés par Eugène Lami, élever par l'architecte Duban une galerie de bois pour les desservir, et projette de reconstruire le grand château mais il doit quitter la France après la Révolution de 1848.
Exilé de 1848 à 1870 à Twickenham, près de Londres, il réunit la collection aujourd'hui présentée à Chantilly.
À son retour, après 1871, veuf et ayant perdu ses deux fils à l'âge de 18 et 21 ans, il fait reconstruire le grand château de 1875 à 1885 par l'architecte Honoré Daumet, afin d'y présenter ses collections.
Le duc d'Aumale, membre de l'Institut de France * depuis 1871, lègue Chantilly en 1886 à l'Institut sous réserve qu'à sa mort, le musée Condé soit ouvert au public, que sa présentation soit préservée et que les collections ne puissent être prêtées. Le musée Condé sera ouvert au public moins d'un an après sa mort, le 17 avril 1898.
Selon le souhait du duc d'Aumale, les ressources du domaine permettent de faire fonctionner, d'entretenir et de restaurer cet immense patrimoine : le château, le musée Condé, mais aussi les Grandes Ecuries, abritant depuis 1982 le Musée Vivant du Cheval, et le parc, dont les activités se diversifient.
LES PREMIÉRES ANNÉES DE BATNA (Aurès)
Le 20 février 1844, sous le commandement du Duc d'Aumale, les troupes françaises, grossies d'un fort contingent Indigène, rassemblées sur le Mansourah, aux portes de Constantine, traversent le Rhummel et se dirigent vers la fontaine du Bey (Aïn-el-Bey). Le soir même, l'armée bivouaque aux environs de la source de M'Lila (Aïn M'Lila). Le lendemain, la colonne se met en route et atteint la source de Yagout (Aïn Yagout). Nouveau bivouac et le jour suivant 12 février 1844 elle s'arrête auprès d'un point d'eau important situé près de l'endroit qui sera plus tard l'embranchement des routes des Batna-Bemelle et Batna-Condorcet. Le Duc d'Aumale réunit son état-major et décide de créer un camp provisoire à cet endroit. Les chefs indigènes ne comprenant rien au discours du commandant en chef se tournent vers les interprètes et leur demandent : "Qu'est-ce qu'il a dit ?" Les interprètes répondent simplement : "N'ber He-na !" (Nous passons la nuit ici. Ce qui se traduit en termes militaires "Nous bivouaquons ici).Les agents de liaison partent pour transmettre l'ordre "N'bet Hena" "N'ber Hena", les français entendant cela de la bouche des indigènes, crurent entendre "Batna""Batna" et pensèrent que c'était le nom du lieu.